E.NSEIGNEM EM S ü P E R1EUR.
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ceux qui ne re<;oivent de l’Etat aucune Subvention et qui doivent ieur exis-
tence a l’initiative privee. II en est deux sur lesqueis nous vouions sp^ciale-
ment appeler I’attention, a ce point de vue d’abord, puis parce quele Jury
les a distingues dans la repartition des recompenses; ce nous est un dou
ble inotif d’entrer a leur sujet dans quelques developpements.
Nous avons en premiere ligne la nouvelle dcole fondee par deux publi-
cistes connus, MM. Boutmy et Vinet. Elle est de creation r^cente. Institute
au lendemain meine de la guerre, l’Ecole libre des Sciences politiques
devait etre appelee, dans la pensee des deux fondateurs, ä combler une
lacune qui existe dans l’enseignement de nos dcoles gouvernementales. Si
l’on consulte les programmes officiels, on voit qu’en France il n’existe pas
pour les Sciences politiques d’enseignement proprement dit. A l’Ecole de
droit, au College de France, au Conservatoiredes arts etm&iers, äl’Ecoledes
chartes, a l’Ecole des ponts et chauss^es comme a Saint-Cyr, certains cours
touchent de loin ou de pres aux choses de la politique; mais cbacun d’eux
est fait selon les besoins et au point de vue de l’etablissement ou il est pro-
fessti, les sujets sont traites sans aucun ordre arrete d’avance qui fasse de
cbacun le complement des autres et l’une des parties d’un meme Systeme
d’instruction. Pour ciler des exemples, ä I’Ecole de droit, le cours de droit
des gens ne comprend qu’une partie fort restreinte de l’histoire diploma
tique, car, d’une part, la periode de temps qu’il embrasse est relativement
courte (c’est le plus souventdepuis les traites de VVestpbalie jusqu’en 181 5),
de Fautre, iln’est question que des traites auxquels la France est intervenue,
et certains faits importants au point de vue de la politique d’equilibre sont
laiss^s de cote. Autre exemple: En cette meme ecole, le droit constitution-
nel n’est Studie que comme preparation au droit administrativ et d’une
rnaniere assez superficielle. Les institutions actuelles sont seules en cause,
on s’occupe rarement de celles qui, dans Fordre cbronologique, les ont
prec^dees. Les professeurs, la comme ailleurs, ont adopte, pour la plupart,
le Systeme des monographies. Il traitent annuellemcnt tantot un sujet,
tantot un autre; cela s’explique, puisqu’il s’agit de cours qui n’ont lieu
qu’une ou deux fois par semaine et dans des amphitheätres publics. Les
etudiants y viennent guides par leur fantaisie et par un sentiment de curio-
sit4 qu’ils ne satisfont guere qu’une fois. A dire vrai, ils suivent ces lecons
d’autant plus irreguli^rement qu’ils ne comptent point sur un enseignement
coordonne, complet, mais uniquement sur des notions generales qu’on
retrouverait au besoin dans un article de revue. De leur cote, les pro
fesseurs se montrent mediocrement soucieux d’etudier les faits contempo-
rains et les questions a Fordre du jour; ils preferent se refugier dans le
passe, prdcisement parce que les cours sont publics et qu’il serait malaise