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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
d’y traiter cerlains sujets; parce que, sous la pression deventualites ou d’in-
cidents faciles a prevoir, l’ampliitheatre ne tarderait pas a perdre sa ren
table physiononne. II lui iaiidrail peu de temps pour n eIre plus qu’une
Sorte de club, dont la chaire serail la tribune. Ajoutons, enfin, que ces
cours sont professes dans des endroits differents, eloignes les uns des
autres, et que letudiant qui voudrait se livrer a une etude speciale des
Sciences politiques se verrait dans l’impossibilite de les suivre tous.
Par ces divers niotifs, le genre d’enseignement dont nous parlons n’existe
dans aucun de nos grands etablissements. Des ecoles sont organiseespour for-
mer des Ingenieurs,des medecins, des avocats,des mililaires; aucune n’est
ouverte a cehii qui, par sa Situation personnelle et ses aptitudes, peut se
vouer a 1 etude des Sciences politiques et aspirer a prendre un jour rang
parnii les honnnes dEtat. Les honnnes d’Etat, dit-on, ne se forment pas
dans une ecole, soit; ou se forment-ils? C’est une question qu’il est permis
de Jaire, surtout si Ion a en vue le röle que la plupart d’entre eux ont
jouedans notre pays. Si, avec la resolution de profiter d’une expericnce
acquise a nos depens, on veut bien songer aux nouvelles generations, on
est en droit de se dernander: k Ou et connnent les jeunes gens qui se trouvent
dans les conditions relatees ci-dessus, et qui sont appeles ä s’occuper de
politique, peuvent-ils apprendre les elements des questions qu’ils auront ä
traiter plus tard?» Les lioinnies d’Etat vraiment dignes de ce nom sont
rares, et une ecole ne peut sattendre a en conqiler beaucoup panni ses
disciples. Mais pourquoi cette ecole, puisqu’ecole il y a, n’accepterait-
elle pas la mission plus modeste de doter les honnnes d’Etat d’intelligents
et utiles collaborateurs, gräce i un enseignement comportant des travaux
appiofondis surles inatieres administratives et financieres. Ces jeunes gens
se lepandraient ensuite dans les ainbassades, dans les administrations pu-
bliques, ou dans les ministeres; la jiresse, le barreau leur offriraient ega*-
I ein ent 1 occasion demployer leur activile; et, dans leurs carneres respec-
lives, la pratique de chaque jour les amenerait infalliblement a reconnaitre
l’utdite de ces connaissances speciales; tous se leliciteraient de leur avoir
consacre un certain temps a la lln de leurs humanites, et convieraient leurs
camarades a prendre exempie sur eux. Croit-on qu’une teile ecole, recru-
tant de nombreux disciples surtout dans la classe moyenne et superieure
et les lui rendant apres une annee ou deux de fortes etudes, n’acquerrait
pas sur cette classe elle-ineme une salutaire inlluence? Ne serait-cc pas un
rnoyen de la rendrc plus instruile et plus judicieuse? N’arriverait-on jias
ainsi a grossir les rangs de lebte intellectuelle du pays, qui n’a joue jus-
qn ici qu’un niediocre röle dans les destinees du pays.
Dans notre sociele democratique, entre les deux partis qui depuis (juatre-