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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
creation du Journal des Economistes, revue mensuelle de la Science econo-
niique et de la statistique, dont le premier numero parut le i5 decem-
bre i84i. A cetle epoque, l’dconomie politique ne jouissait pas d’une
grande faveur; les hommes qui etaient au pouvoir tenaient ses preceplcs
pour inapplicables et dangereux; les ecrivains ne se donnaient meine pas
la peine de les discuter; quant au public, il se laissait guidcr par ces der-
niers et demeurait indifferent. Cependant, gräce aux efforts d’une petite
phalange d’apotres convaincus, äla tete de laquellc se signalaient Blanqui
et Horace Say, bis de Jean-Baptiste, quelques personnes, en nombrc fort
restreint, il est vrai, se resolurent a aborder l’etude de cette Science si
mal notee. Elles devaient trouver dans la nouveaute meme du sujet la
recompense de leurs efforts. Dans ce domaine encore inexplore, tout etait
matiere ä surprises; on marcbait de d^couvertes en decouvertes; v^rites,
axiomes, corps de doctrine, rnodes de recherche, il fallait en realite tout
trouver, tout regier. Les principes economiques avaient bien ete formules,
le siede precedent, par de grands esprits, tels que Turgot, Adam Smitb,
Quesnay; mais le fruit de leurs meditations et de leurs travaux etait resle
enfoui, ou dans des ecrits non encore repandus, ou dans des livres que la
generation suivante n’avait en ni le temps ni la volonte de lire. De plus
graves soucis s’elaient imposes ä eile, et avaient appele ailleurs son atten
tion. A ers 183o, l’economie politique pouvait donc passer pour un Science
vraiment nouvelle. Les orages qui avaient marque le commencement du
siede s’etaient apaisds, et les quelques inities, dont nous parlions tout ä
1’heure, trouvaient enlin, sous les gouvernements reparateurs de la Bes-
tauration et de la monarcbie de Juillet, une epoque calme, favorable a des
etudes purement speculalives, favorable aussi aux essais pratiques qu’ils se
proposaient de tenter pour appliquer et confirmer leurs idees. La tache
qu’ils s’imposaient n’en etait pas moins laborieuse. Si leurs opinions avaient
emprunte une force nouvelle n la grande revolution sociale qui venait de
s’accomplir, au mouvement agricole et industriel qui en etait le resultat,
dies n’avaient pas encore affronte la redoutable ^preuve de l’experimen-
tation; il fallait donc soumettre resolument au contröle du fait ce qui n’a
vait ete jusqu’alors que doctrine et theorie meines. Il fallait reprendre les
principes, les determiner avec precision, et montrer qu’ils s’adaptaient
parfaitemenl ä un ordrc social nouveau; livrer bataille ä l’esprit de routinc
et de prejuge, vaincre l’opposition des interets et l’h^sitation des gouver-
nanls en faisant luire ä tous les yeux l’avantage des nouveaux procedes
opposes aux anciens, assurer l’avenir de la Science economi(|uc en pene
trant l’esprit public de ses regles et de ses demonstrations, 1 ui donner un
rang eleve dans l’education, en un mot faire ocuvre de propagande et de