LES ASPIRATION® DES OUVRIERS.
135
coup d’oeil Fimportance des progres accomplis, Futilite des me-
thodes nouvelles et des inventions recentes. Aussi de tout temps les
patrons intefligens ont-ils fait accompagner leurs produits par des
contre-maltres ou des travailleurs manuels qui avaient donne des
preuves de capacite technique et d’intelligence eveillee; mais les
delegations ouvriöres different notablement de ces choix, faits indi
viduellement par les divers fabricans dans le personnel qu’ils em-
ploient. Au xnois de septembre 1861, quelques ouvriers de diverses
professions, pour la plupart presidens de societös de secours mu-
tuels, adressörent une lettre ä l’empereur pour qu’il voulüt bien
faciliter le voyage d’un certain nombre d’ouvriers francais ä l’expo-
sition deFlorence. Cette premiere demarche n’eut pas de succfes : le
ministre de l’agriculture et du commerce repondit aux signataires
de cette lettre que, l’exposition de Florence etant purement natio
nale et partielle, le gouvernement ne disposait d’aucun credit pour
des frais de voyage ou des missions dont eile serait l’occasion. Ce
n’etait pas, on le voit, un refus qui düt enlever tout espoir aux
solliciteurs. On etait ä la veille de l’exposition de Londres; les
mömes ouvriers s’adresserent au prince Napoleon, president de la
commission imperiale. Cette fois la demande fut bien accueillie. On
forma une commission ouvribre, composee de presidens de societes
de secours mutuels; on decida que cette commission aurait la res-
ponsabilite morale de l’ceuvre et la mission d’organiser Felection
des delegues, que ceux-ci seraient choisis par le suffrage des ou
vriers de leur profession, — que les fonds necessaires ä l’ceuvre
seraient recueillis d’abord par des souscriptions volontaires dans les
ateliers, et que la ville de Paris et la commission imperiale fourni-
raient chacune un subside de 20,000 francs.
La commission ouvriere adressa aux ouvriers de Paris une circu-
laire faisant appel ä tous les devoümens, afin d’organiser dans
chaque profession des bureaux qui fussent charges de faire procö-
der ä Felection des delegues; 50 bureaux electoraux furent consti-
tues dans 50 professions differentes, representant environ 150 spe-
cialites et occupant plus de 200,000 ouvriers; 200 delegues furent
ainsi nommes; ils furent envoyes ä Londres par series, chacune
d’eiles restant dix jours en Angleterre. Les departs successifs com-
mencörent le 19 juillet et se tenninörent le 15 octobre, ce qui laisse
supposer qu’il n’y avait guere ä Londres plus d’une vingtaine de
delegues ä la fois. Chacun d’eux recevait ä son depart une somme
de 115 francs et un billet de deuxihme classe, aller et retour; le
logement et un repas, ainsi que les entrees ä Fexposition, les inter-
pretes et les frais accessoires etaient payes par le membre de la
commission ouvrifere qui accompagnait chaque groupe.
On voit dans quelles conditions officielles et avec quelles precau-