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Volltext: Revue des deux mondes, 10: Rapports de la délégation ouvrière française à l'exposition de Vienne

IES ASPIRATIONS DES OUVRIERS. 
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gantiers ont voulu faire de meine, mais les patrons n’ont pas ac- 
cepte des relations aussi etroites; ils se sont contentes de decider 
que l’ordre da jour de chacune des seances de la chambre patro- 
nale serait adresse ä la chambre ouvriere, avec invitation d’envoyer 
deux delegues. D’autres chambres syndicales ouvrieres sont plus 
exclusives; sans se mettre completement en hostilite avec les pa- 
Irons, eiles craignent de compromettre leur independance par des 
relations regulieres et officielles avec eux. 
II ne semble pas que jusqu’ici toutes ces petites societes soient 
tres prospöres; presque tous les rapports se plaignent de la froideur, 
de la negligence des ouvriers ä s’affilier ou ä payer leurs cotisations, 
qui sont en general de 25 Centimes par quinzaine ou de 50 Centimes 
par mois, contribution modique ä coup sür. II ne parait pas que 
plus de la moitie des travailleurs de chaque corps d’etat ait adhere ä 
ces associations; beaucoup d’entre eiles sont endettees soit par d’an- 
ciennes greves, soit par une mauvaise gestion; celles des graveurs, 
celles des marbriers sont dans ce cas. Les agens comptables n’ont 
pas toujours ete irreprochables; la tenuc des livres n’est pas trös 
connue dans ces petites societes. « Des delegues d’ateliers infidöles 
ä leur mandat se sont appropries des cotisations et ont ensuite dis- 
paru comme l’ombre. » C’est le rapporteur des marbriers qui parle 
ainsi. Dans certaines de ces chambres syndicales, le bureau est 
permanent et quelquefois n’a pas change depuis la fondation, chez 
les orfevres par exemple; dans la plupart au contraire, il n’y a ni 
President, ni vice-president, chacun Test ä tour de role; le secre- 
taire seul est permanent. Toutes ces fonctions sont en general gra- 
tuites, quelques-uns proposent de les remunerer. 
On voit combien ces jeunes associations ont besoin d’efforts pour 
arriver ä avoir des ressources et de la puissance; ä vrai dire, quel- 
ques-unes sont d’un desinteressement, d’une fierte ou d’une impr6- 
voyance singuliere. G’est ainsi que l’article premier des Statuts de 
la chambre syndicale des coupeurs et brocheurs de chaussures de 
Paris contient cette clause etrange : « la chambre syndicale s’in- 
terdit toute acceptation de dons et legs. » Peut-etre n’y a-t-il li 
qu’un renoncement tout philosophique ä des biens sur la venue 
desquels ne comptaient guere les organisateurs de la societe. On 
ne comprend pas pourquoi les chambres syndicales feraient vceu 
de pauvrete; l’argent leur est necessaire, qu’elles n’hesitent donc 
pas ä le prendre quand il leur arrive de bonne grace. Dejä, dans 
plusieurs corporations la chambre syndicale a enfante une societe 
de credit mutuel ou une societe cooperative de production; c’est 
ce systfeme de generations successives qui doit former la nouvelle 
methode d’emancipation du Proletariat. Le delegue des marbriers 
raconte avec assez de details ce qui s’est passe dans ce sens au
	        
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