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Volltext: Revue des deux mondes, 10: Rapports de la délégation ouvrière française à l'exposition de Vienne

106 REVUE DES DEUX MONDES. 
fession n’a eu de grands succös, et que « malheureusement la Sel 
lerie ne s’est pas distinguee jusqu’ici par sa persevdrance et son 
sens pratique. » Cet aveu melancolique est plein d’enseignemens. 
Ce n’est pas un des traits les moins caracteristiques de la Situation 
intellectuelle et morale des delegues que la negligence ä rassembler 
des faits precis et ä les etudier. Yoilä des hommes qui recomman- 
dent un Systeme comme ötant le dernier terme du progres social, 
qui le prönent ä leurs commettans comme le seul moyen d emanci- 
pation, et ils ne songent pas ä recueillir les faits qui le concernent, 
ä les comparer, k les juger, ä en tirer des enseignemens pratiques! 
Sans doute lepeu de succös obtenu jusqu’ici par les societes coope- 
ratives de production ne doit pas etre considere comme un argument 
decisif contre le Systeme cooperatif. Les ouvriers repondraient^que 
jadis ils fondaient des associations de production sans capital,,c est- 
ä-dire sans ressources et sans force de resistance, tandis qu ä 1 a- 
venir la societe de production doit etre creee avec un Capital qui 
sera constitue par une partie des cotisations de la chambre syncli- 
cale ouvriöre et par les benefices des socidtes de credit mutuel ou 
des societes de consommation. Cette marche est infiniment plus pru- 
dente en mdme temps qu’elle est plus lente. II y aura neanmoins 
encore bien des mecomptes temporaires et bien des echecs defini- 
tifs dans cette voie. Le dölegue des marbriers nous donne une 
idee de la confiance excessive avec laquelle certains ouvriers abor- 
dent cette difficile Campagne. La Corporation a elabore un projet 
de Statuts d’une societb de consommation qui serait appelbe « la 
Ruche marbriere. » Yoici comment ce delegue entrevoit les per 
spectives de cette association. II y a dans notre corps d etat, dit-il, 
1,800 membres; ils consomment en moyenne 3 francs d alimenta- 
tion par jour, ce qui fait une depense quotidienne de 5,400 fr. Si 
l’on double cette somme pour les femmes et les enfans, on arriye 
ä une depense quotidienne de 10,800 fr. Que 1 on prenne le mi- 
nimum des benefices, soit 20 pour 100, — « bien entendu nous 
sommes au-dessous, » ajoute ce delegue, — on arrive au chiffre de 
2,100 francs que la marbrerie donne en benefice journalier aux in- 
termediaires : dans l’annee, cela fait un chilTre de 788,400 francs. 
« Nous prenons pour les frais generaux la moitid; c’est beaucoup, 
mais soit, cela nous laisse encore la somme de 394,200 francs 
comme bönefice net. » On rencontre des raisonnemens du mdme 
genre dans plusieurs autres rapports. 
Nous desirons de tout notre cmur que les ouvriers mettent ä 
l’epreuve leur mdthode d’afiranchissement. Malheureusement ils ne 
paraissent pas, pour la plupart, se rendre compte des conditions 
essentielles de succds de toute entreprise industrielle et commer- 
ciale. Ils ne veulent pas de chef, pas de president permanent, pas
	        
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