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mateur de ]a Russie, pour y transplanter les fruits du progrEs industriel de
1 Occident, n’eurent que peu ou point d’influence serieuse sur le developpe-
ment, ou plutot sur 1 existenee — de l’industrie domestique. C’est meme
lä peut-etre une des rares erreurs que commit le grand komme, en s’effor-
cant de creer des Etablissements industriels dans les grands centres ä l’aide
de la protection et souvent mErne ä l’aide des subsides de l’Etat, saus prendre
en consideration que le meme but aürait pu etre atteint plus facilement et ä
moins de frais, s’il eüt repandu les perfectionnements dus ä la Science tech-
nique et les capitaux de l’Etat dans les grands foyers - dejä existants —
de l’industrie domestique.
Lorsque, sous les regnes de Catherine II et de l’Empereur Alexandre I er ,
le gouvernement russe se fut bien convaincu de cette vEritE, devenue vul-
gaire de nos jours, — qu’une certaine libertE d'initiative valait mieux pour
l’mdustrie que toutes les mesures protectrices et artificielles, et qu’il eut
donne le droit h tous les capitalistes, — sans exception de rang et de classe—
d’entrer librement dans les voies industrielles, l’industrie domestique et la
grande industrie beneficierent egalement des modiflcations survenues dans la
pohtique commerciale; et souvent la premiere ne fit que preparer le terrain et
les eldments h la seconde.
Souvent des causes tout a fait eventuelles imprimaient un nouvel essor k
lbndustrie domestique; ainsi, l’installation dans teile ou teile localite de quel
ques artisans etrangers, tels que des orfevres italiens k Vologdaet a Oustioug,
sortis de Novgorod apres la perte de ses libertes, ou des prisonniers suedois du
temps de Pierre le Grand, — contribuait al’introduction dune nouvelle industrie
dans la localitd. L’incendie de Moscou, en 1812, qui aneantit plus de 600
grandes et petites fabriques, et forga le personnel de ces Etablissements a se dis-
perser dans toute la Russie, ne fit que transporter les capitaux dans les autres
localites de l’Empire et qu’accroitre le developpement des petits metiers dans
les villages.
L’immense developpement de la grande industrie des fabriques et usines,
qui fut 1 effet des mesures douanieres prohibitives appliquEes depuis 1822, porta
le premier coup a 1’indEpendance et meme ä l’existence des industries rurales.
Les entrepreneurs industriels saisirent bientöt tout l’avantage qu’ils pou-
vaient retirer de cette population rurale active, intelligente et vouEe la plus
grande partie du temps aux travaux industriels. — Aussi, au lieu detablir
a grands frais d’immenses fabriques necessitant un grand nombre d’ouvriers qu’il
etait souvent difficile de trouver et plus difficile encore de garder longtemps,—
vu le peu de disposition a participer aux travaux de fabriques que manifestait
la population de nos campagnes, parmi laquelle devaient nEcessairement se