9
recriiter ces ouvriers, —les entrepreneurs industriels se contenterent de distri-
buer poui* uix salaii’e ddtermine aux fileui’s de village la laine et le lin biuits,
aux tisserands des meines localites, le fil de lin, de coton ou de laine, — et
enün aux teinturiers et aux appreteurs les tissus bruts. Dans les premiers
temps ce -Systeme semblait devoir concilier 1 interet des capitalistes et celui
des ouvriers, mais ä la longue il flnit par öter a 1 industrie domestique son in-
ddpendance primitive et par la livrer ä la merci des fabricants.
II est evident du reste que ce resultat n’est que l’effet naturel du develop-
pement de la grande industrie, effet- dont on a constate l’existence dans tous
les pays. Les industries textiles, particulieremeht celle du coton, ont ete
partout les premieres a absorber lmdustrie domestique, car partout ces indus
tries ont dte les premieres ä s’etablir sur le pied des grandes industries. La
grande et rapide extension des filatures de coton a dgalement porte atteinte a
l’industrie liniere domestique et retarde le developpement progressif des fila
tures de lin. 11 na fallu rien moins que lacrise cotonniere de 1863 pour relever
l’industrie liniere, mais l’industrie domestique se ressentit plus encore des
coups que lui porterent les grandes filatures de coton et de lin et 1 industrie du
tissage mecanique. II y a toujours, il est vral, des fileurs et des tisserands de
village, mais ils sont devenus tout a fait dependants des grandes fabriques.
Cependant si la grande industrie a fait des progres en Rmssie, — notam-
ment les industries liniere et cotonniere, — on ne saurait nier que ce progrds ne
s’est etendu qu’ä un nombre relativement tres restreint de gouvernements qui
entourent Moscou, et que les effets du progres de la grande production dans
plusieurs autres branches d’industrie se sont fait bien moins sentir.
Les causes qui expliquent la lenteur des progres de la grande industrie,
et, par suite, l’existence de nos nombreuses industries domesüques sur une
assez vaste echelle, se reduisent aux suivantes: le manque de capitaux, le
taux eleve.des interets, les' difficultes de transport des matieres premieres
et des produits manufactures, a travers nos grandes distances, avec l’etat peu
satisfaisant de nos voies naturelles de communication, la chei-te des ma-
c hin es et de tous les accessoires ndcessaires pour les fabriques, le prix dleve
du fer et meme du combustible dans quelques centres industriels, la neces-
site d’interrompre les travaux de fabrique a 1 epoque des grands travaux
agricoles — car les ouvriers, recrutes en general dans les campagne%,
ont l’habitude de quitter a cette epoque la fabrique, — le niveau peu
eleve du developpement intellectuel cliez les ouvriers, le ddfaut d’ins-
truction technique chez la plupart des entrepreneurs industriels eux-memes,
et meme chez les directeurs de fabrique, souvent remundres au dessus de
leurs Services, gräce a linsuffisance de techniciens habiles. En ddpit des