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matibres brutes qu'elle fournit. Ainsi, meme le lin, qui est l’une des matieres
premieres le plus ä la portbe de l’industriel rural, n’est pas toujours ouvre par
le cultivateur, qui trouve plus avantageux de le vendre ä l’etat brut et da-
cheter le fll tout prfit. II en est de meme pour les Industries qui emploient le
bois ; ce dernier n’est pas toujours de provenance domestique, mais, selon les
besoins de la fabrication, il est souvent apporte de localites plus ou moms
bloignees du lieu ou il est employb.
Le nombre des industriels ruraux ayant les moyens d’acheter au comptant
les matibres premieres necessaires est tres-insignifiant, d autant plus que le
capital necessaire en pareil cas n’est pas toujours minime; ainsi, pour le fil de
lin, par exemple, le peu d’uniformitb que presente le lin file dans les campagnes
necessite l’achat de quantites assez considerables de fil, afin de pouvoir en faire
des assortiments, ce qui n’est gubre possible qu’aux fabncants capitalistes.
Dans la plupart des cas les industriels qui travaillent pour leur propre compte
acbetent les matibres premibres a credit, c’est-ä-dire ä des conditions tres
des avantageuses.
Dans les centres de grande Industrie, Industrie domestique est ordinai-
ment dependante de celle-ci. Ainsi dans les gouvernements de Vladimir et de
Moscou, la plupart des tisserands en coton ne travaillent guere que pour le
compte des manufacturiers et avec des matieres premieres fournies par ces
derniers.
Le manque de capitaux, qui oblige les industriels domestiques, soit a acheter
les matieres premieres en petites quantites, et pour quelques jours seulement,—
comme cela se pratique par la plupart des ouvriers en metaux dans le rayon de
Pavlovo et de Vorsma, — soit ä s’en approvisionner ä credit, soit ä les rece-
voir des maitres-fabricants avec un salaire convenu pour une quautite deter-
minee de produits fabriques; — cette penurie de capitaux, disons-nous,
oblige les industriels ruraux ä se defaire au plus vite de leurs produits,
souvent aux conditions les plus desavantageuses. La lutte journalibre avec
l’existence ne leur permet pas de choisir des acheteurs solides et d’attendre des
prix eleves. Force leur est de se contenter des prix les plus minimes, pourvu
qu’ils leur garantissent unechbtive existence jusqu’ä la semaine suivante, alors
qu’ils auront de nouveaux produits ä livrer. Le mal est malheureusement
sans remede et d’autant plus grand qu’entre les ouvriers domestiques depen-
dants et le capitaliste-fabricant, de meme qu’entre un ouvrier independant et le
consommateur, il existe toute une Serie d’intermediaires qui ne font que res-
treindre le salaire de l’ouvrier et qu’engloutir la meilleure part du profit qu il
aurait pu retirer de son travail.
Les petites foires locales ou les marchbs hebdomadaires locaux servent or-