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dinairement de debouches aux produits de l’industrie domestique, et chaque
localitd possede de petits speculateurs qui s’occupent del’achat de ces produits
et les revendent ä de nouveaux speculateurs, en sorte que les produits passent
quelquefois dans trois ou quatre mains avant d’arriver ä leur destination, au
consommateur reel. La ou les marchands en gros ont su se mettre en relation
directe avec les producteurs, les deux contractants n’ont fait que gagner ä ce
contact, et dans ce cas les prix, loin de baisser, ont au contraire atteint un
chiffre assez eleve, au profit des producteurs, sans profiter a une foule de spe
culateurs intermediaires qui vivent aux ddpens des deux parties.
Un exemple de relations directes de ce genre a ete eite par M. Haxthau
sen ; il se rapportait a la production des nattes par les habitants du district de
Yetlouga. II y a cependant des industries qui possedent une Organisation plus
independante par rapport au debouche de leurs'produits. Telle est par exemple
l’industrie des faucilles, a Khritonovo; les artisans de cette localite portent eux-
memes leur marchandise dans les foires et la vendent souvent en detail, avec
un fort benefice, ou bien lechangent contre de vieilles faucilles. De meme
quelques producteurs d articles en bois et en poterie, dans les gouvez’nements
de Vladimir, de Nijni-Novgorod et de Moscou, se chargent eux-mömes du debit
de leurs produits, en les transportant a des distances assez eloignees du lieu
de production ; mais il faut remarquer que ce ne sont que des cas
■exceptionnels.
C est par la reunion de toutes ces causes diverses que la retribution
allouee aux ouvriers industriels pour leur travail est si minime. Un gain de 2
ä 3 roubles par semaine, de 5 a 6roubles par mois, 6t souvent meine de 25 a 30
roubles par an, tel est 1 unique profit que produit ce travail ingrat, sauf les cas
assez rares oü il est exered dans des conditions exceptionnellement favorables.
L’association, qui pennet de supporter plus facilement les frais de pro
duction et d’attendre les conditions les plus avantageuses du marche, pour
obtenir un debouche des produits plus remunerateur, est presque inconnue
a nos industriels domestiques. Il existe a la verite des vanniers qui achdtent a
frais communs pour les besoins de leur industrie de petites forets d’osier ou
des masses de bois coupd; dans quelques villages du gouvernement de Yaro-
slaw, les habitants s’occupent dgalement en commun de la fabrication des cais-
ses et le travail ainsi que le salaire sont soumis au principe dune fraternelle
communaute: ainsi toutes les commandes repues par l’association sont exe-
cutees indistiuctement par tous ses membres; et de meme, tous les profits sont
rdpartis entre eux selon les rdgles de la plus stricte dquitd. — Mais ce ne sont
la que d’heureuses et trop rares exceptions.
Le credit, cet element indispensable de toute production, n’est obtenu par