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pagnes, qui le mettaient en ceuvre, et le nombre de ces derniers augmenta avee
l’extension des filatures.
Les premiers essais d’etablissement de metiers mecaniques ayant echoue,
le tissage ä la main se trouvait assez bien retribue par les benefices qu’il pro-
curait: ainsi par exemple le tissage d’une chaine etait paye de 3 a 4 roubles,
quand il etait fait pour le compte du fabricant, et 5 roubles quand l’ouvrier
l’executait pour son propre compte. L’intervalle de 1840 a 1860 a ete la periode
la plus florissante du tissage ä la main ; mais les prix de ce dernier genre de
travail ayant subi une baisse de moitie, par suite de l’introduction, dans les
dernieres annees surtout, de metiers mecaniques dans la plupart des fabri-
ques,—ü devait naturellement ceder la place au tissage mecanique. La plu
part des tisserands de village ont etd reduits a se transformer en ouvriers de fa-
briques. Mais cette nouvelle phase de l’industrie cotonniere, qu’ont deja traver-
see les autres nations industrielles de l’Europe, est un fait relativement recent;
de meine que dans les autres pays, l’industrie cotonniere domestique lutte jus-
qu’ä la derniere extremite avec la grande fabrication, et cette lutte est d’autant
plus naturelle et d’autant plus possible que les hommes habituds des leur en-
fance a certains travaux ne peuvent pas se soumettre si facüement a en
adopter de nouveaux et que la possession d’un lot de terre, füt-il compose d’un
sol ingrat, rend neanmoins 1’existence du tisserand rural possible, mgme dans
des conditions desavantageuses. La distribution aux tisserands ruraux de
chaines toutes preparees s’effectue, tantot dans les fabriques memes, tantöt par
l’entremise de commissionnaires spdciaux qui gagnent jusqu’ä 50 et meine
70 copecs par chaine, et qui etablissent leurs comptoirs au centre meine de la
populatioh rurale, dans un village quelconque ou une ville Voisine. 11s organi-
sent dans les campagnes de petits ateliers, pour dix ou vingt metiers rustiques,
que Ton designe sous le nom local de svetelki *) et les paysans qui ont repu de
1 ouvrage vont travailler dans ces ateliers dclaires en liiver aux frais del’entre-
preneur, mais dont les conditions bygieniques laissent beaucoup a ddsirer.
Souvent aussi de scmblables ateliers sont organises dans les villages par les
habitants un peu aises, et les places s’y louent ä qui veut les prendre ä raison
de 2 ou 3 roubles pour la saison d’hiver. II existe encore dans les campagnes
des etablissements spdciaux, pour l’ourdissage, appartenant a des paysans
capitalistes, oii l’on prdpare des chaines qui sont dgalement distribuees aux
tisserands ruraux.
Le nombre des tisserands possddant un capital süffisant pour acheter ä
leurs propres frais le coton file aux fabricants ou au marche, afin de revendre
le tissu deja ouvre aux fabriques d’impression, —est tres-limite.
t'l Le mot Svetelka signifie une chambre et plus specialement une cbambre claire.