SOI ES ET SOIERJES. 239
sous quelque regime que ce füt, au temps des prospdrites comme au temps
des desastres, tont ce peuple patient, habitue au travail, et qui n’a jaioais
desappris la lulte, a garde avec fermetd et a tenu elevd l’art de la pro-
duction de la soie et des tissus de soie qu’il avail dispute si longtemps
et si peniblement a l’Italie. Pour Tun et pour l’autre, pour l’edueation des
vers ä soie, la fdature et l’ouvraison de la soie, pour la fabrication des
etoffes, la France a eu ses jours de Suprematie absolue. Cette Suprematie,
eile ne la possede plus dans toute sa plenitude.
II fut un temps ou la Chine et l’Italie instruisirent l’Europe, celle-lä
pour les travaux de la soie, celle-ci pour le tissage. La France a ete ä son
tour l’ecole de l’Europe. A la revocation de l’edit de Nantes, la France
avait essaime par toute l’Europe; ces essaims d’ouvriers ont fonde des fa-
briques, devenues nos rivales a la suite du long enseignement que nos
exemples leur ont donne.
Nous sornmes aujourd’hui, pour la soie et le tissu de soie, rdpdtons-
le, en presence de nations qui se sont fortnees a notre dcole, qui ont
donne ä leur induslrie un caractere et une direction appropries a leur
temperament, ;i leurs aptitudes, a leurs conditions economiques et a
leurs besoins. Ces nations ont une grande force d’expansion; l’energie ne
leur fait pas plus defaut (jue 1’intelligence; elles ont progressiv et pro-
gressent toujours, et, pour certaines branches du travail, elles ont le
droit de s’enorgueillir de leurs succes. L’industrie se transforme chez elles
comme chez nous: la fabrication dispose successivement de moyens plus
puissants, la grande manufacture prend par degres la place de la petite,
les ouvriers quitlent le foyer domestique et se concentrent dans les ate-
liers. Tout ce mouvement se montre partout , tnntöt premature et tantot
attardö. La production s’eleve et depasse les anciennes limites. Mais, dans
le meme temps, les salaires augmentent, l’epargne produit son ceuvre,
un plus grand nornbre de consommateurs arrivent a l’aisance, et celle-ci
s’accroit chez les autres. L’adoption en plus d’un Etat du principe de la
liberte commerciale et la facilitiV des Communications aidant,les anciens
marches s’Margissent et de nouveaux debouches s’ouvrent. Nous avons
trouve le progres chez chaque peuple producteur, nous trouvons la con-
currence chez chaque peuple consommateur.
II ne faut pas se faire d’illusion : les temps sont changes, et nous l’avons
appris par de cruelles lecons. Quand meine nous resterions confine dans
la tache etroite qui est la notre, nous n’en sentirions pas inoins le mou
vement impetueux qui se fait autour de nos manufactures.
Nous l’avons montre en parlant de la filature et de l’ouvraison de la
soie, de la filature des dechets de soie. Restes les maitres sur plus d’un