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TULLES ET DENTELLES A LA MECANIQUE.
diff^rence dans la production git seulenient dans le gcnie particulier de
chaque nalion. Or cest cette difference dans la production, n^cessaire et
m4me indispensable pour la prosperite de ces deux fabriques, c’est ce
besoin de travailler cbacun selon ce menie gerne et son gout particulier.
(|ur ont sans doute empeche nos fabricants franjais d’exposer en niasse a
Vienne. Ils ont instinctivement redoute, probablement, le danger de mettre
leurs plus beaux produits sous les yeux des concurrents anglais, dont Tha-
bitude de copier le goüt frangais est connue de longue date.
Quoi qu’il en soit, et comme on va le voir, les tulles et dentelles de
Calais et de Saint-Pierre, et du centre lyonnais, etaient encore assez lar
gement reprdsentes ä l’Exposition de Vienne pour permettre aux membres
du Jury d’apprecier les nouveaux progres accomplis en France dans ces
importantes fabriques depuis l’Exposition universelle de Paris en 1867.
Nous citerons en premiere ligne la fabrique Herbelot, ä Calais, la plus
ancienne du pays. Elle a expose une magnifique collection de blondes en
soie blanche etnoire, qui imitent ä s’y tromper celles fabriquees a la main,
et dont les prix sont moindres des trois quarts. Cette maison, l’une des
plus importantes de Calais, a fonde sa manufacture en 1825; eile occupe
un tres-grand nombre d’ouvriers. Le chef de la fabrique, M. Herbelot, est
President du conseil des prud’hommes depuis quarante ans. Le Jury avait
propose cet bonorable industriel pour le diplome d’honneur; mais les con-
ditions tout ä fait exceptionnelles dans lesquelles il fallaitetre aupresde'Ja
Commission autrichienne pour obtenir cette baute distinction nous a mis
dans Timpossibilite de reussir. La medaille de progres lui a ^te decernee, et
les rnembre du Jury esperent quele Gouvernement franfais rricompensera
d une maniere plus eclatante le doyen de la fabrique de tulles de Calais.
Vient ensuite la fabrique Robert-Maxton, a Saint-Pierre-les-Calais. Ce
fabricant, Tun des plus anciens de Tindustrie tulliere, a toujours <ite ä la
tete des progres. II nous a presente, ä \ ienne, les plus magnifiques imita-
tions valenciennes dans toutes les largeurs. C’est la premiere fois que nous
voyons une execution aussi parfaite. Ces imitations a la inecanique sont
inconstestablement Tune des plus gloricuses productions de la fabrique
de Saint-Pierre. Une meklaille de progres a ete accordee, a Tunamite, h
ce fabricant.
1 industrie des dentelles mecaniques avec celle
de la dentelle an fuseau. Cette derniere n’a
aucim materiel, ni aucun grand centrede fa-
bricalion. La dentelle ä la inain se fait un pou
partout, sur des pefcils metiers ou carreaux et
dans le domicile des ouvrieres elles-memes.
(Voir les rapports remarquables de M. Felix
Aubry sur les dentelles des differents pays.)
L industrie des dentelles mecaniques, au con-
Iraire, se fait par le Systeme Jacquard, sur des
machines d’une grande pnissance, mues par
la vapeur, valanl de if),ooo a 20,000 francs
chacune, et dans des etablissements qui ne-
cessitent des millions.