13
seurs au printemps et en 6te, en leur payant un salaire de 5 ä 6 roubles
par mois, la nourriture restant a leur compte. De meme les fabricants de
faucilles entretiennent des ouvriers a l'amiee, qui regoivent un salaire de 30
a 100 roubles par an, selon leur degre d’habilete; parfois meme ils partieipent
aux beneüees du maitre. Los serruriers de Gorbatovo sont loues ä la semaine,
h raison de 70 copecs jusqua 1 rouble 40 copecs — l’entretien et les Instru
ments etant au compte du maitre. Dans les tanneries rurales, de Nijni-
Novgorod, il existe ordinairement trois ouvriers qui partieipent a tous les
frais et beneüees de la fabrication ; mais pendant les travaux d liiver on engage
encore de nouveaux ouvriers.
II est un fait constate par l’expdrience, c’est que dans les industries oü
les produits sont executds ä l’aide des ouvriers remuneres, ces produits sont
ordinairement mieux travailles et plus soignes que ceux qui sont uniquement
prepares par les membres de la lamille.
En general, les produits de notre industrie domestique temoignent,
comme partout ailleurs, dune grande Stagnation de cette production, car tous
les procedds techniques et toute L’experience industrielle passent hereditaire-
ment dune generation ä l’autre et l’idee de perfectionnement reste tout a fait
etrangere a cette industrie. Une des principales raisons de cette iuditference
pour °les ameliorations introduites dans l’industrie par les progrds de la Science
moderne consiste en ce que les produits de l’industrie domestique, du moins
ceux qui ne se bornent pas ä suffi.re a la consommation locale, sont prepares
en vue d’etre ecoules sur des marches dloignes et livres a des consomma-
teurs inconnus. Un ecrivain qui a fait des etudes serieuses sur la Russie
ä la fin du siede passe et au commencoment du siede actuel, M. de
Storch, membre de i’Academie des Sciences, a observd qu a cette epoque,
dans Tinterieur de la Russie, il etait plus difficile de faire executer des
commandes par les artisans que d’aeheter des objets tout fabriques cliez les
marchands, et que dans le dernier cas ces objets revenaient a meilleur mar-
che, mais laissaient beaucoup a desirer sous le rapport de la qualite. Nous
pouvons ajouter que cette observation continue a etre juste meine ä present.
La division du travail, qui est la premiere condition de tout progres
en matiere d’industrie, n’est pas non plus completement etrangere a notre
industrie domestique, mais son application trouve des bornes dans les limi-
tes memes de la production. Pourtant les travaux sont repartis entre les
divers membres des familles selon leur importance, et selon läge et.l’habiletd
des travailleurs. Ainsi le broyage du chanvre pour la conlection des cerdes n est
confie qu’aux vieillards et aux femmes, tandis que l’operation meme du cordage
est executee par deux ouvriers adultes et un gargon qui tourne la roue.