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ycste et le large chalwar egalement en aba bleu fonce agremente de rouge, auxquels
il se rclie, tant en rappelant par son fond rouge les ornements du kyssa aba et du
chalwar, qu’au moyen de ses propres broderies en soie noire et or.
Des tozlouk (guetres) en aba blanc, avec ornements en torsades brodes en laine
rouge, couvrent ses jambes etlaissent voir le curieux travail de tapisserie de ses bas,
au bout desquels sont places de singuliers etuis faqonnes de la meine maniere, et ou
les pieds entrent jusqu’au dessus de l’origine des doigts. On necomprend pas trop l’u-
tilite de ces clioses, qu on pourrait appeler des superfetations, s'il etait permis d’abu-
ser ainsi des mots, ä moins que leur fonction ne soit d’amortir reffet de la pression
des ficelles croisees en reseau dont le dessus des tcharyk est garni, ce qui ferait sup-
poser que les habitants de Mostar ont les pieds excessivement tendres.
Les habitants de Mostar, dans leurs excursions autour de leur ville, ont soin
d’empörter avec eux des armes ä feu, tant pour leur defense que pour la cliasse, ainsi
que des armes blanches destinees ä y suppleer au besoin. Aussi s’economisent-ils une
ceinture, rendue superflue par la necessite de porter en son lieu et place un silahlik
entre les feuillets duquel ils placent, lorsquil le faut, un nonibre convenable de cou-
tcaux. Ils y joignent un Jichoklik, ou sont leurs cartouches, et une bourse ä pierres a
fusil. Ce harnais est en maroquin rouge tout uni. Les gens prudents le completent par
un toi ba en tapisserie, dans un double but: celui d empörter, en outre des munitions de
guerre, quelques munitions de bouche qui ne sont pas toujours a dedaigner, et celui
non moins louable d’avoir, ä la disposition du gibier qu’ils tueront peut-etre, un moyen
de transport plus commode qu’une simple corde.
Pour se garantir du soleil et de la pluie, les habitants de Mostar, n’ayant pas
l’habitude de porter une coifture, se servent d’un eurtu (couverture) en tapis gris ä
raies et dessins noirs, qui defend ä la fois leur tete et leur corps des injures du temps.
Figure 2: Bourgeois de bosna-serai.
Tandis que l’habitant de Mostar se contente modestement de Yaba fabrique dans
la localite meme, le bourgeois de Bosna-Serai, peut-etre plus riche, ä coup sür plus va-
niteux, fiiit tailler ä pleins ciseaux ses liabits dans les plus fins draps de 1’Autriche.
En recompense de sa modestie et de son patriotisme, le premier realise une eco-
nomie considerable. II est chaudement habille, pour toute sa vie, moyennant la depense
une fois faite de 369 piastres (73 francs 80 Centimes). De plus, son costume, ä defaut
de grande riehesse, brille par Iharmonie de ses vives couleurs, qui ne sont point
sujettes ä passer.