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impossibles, teints en rose Solferino ou en amaranthe Garibaldi, que l’imagination de-
lirante de trop poetiques dessinateurs invente tont expres pour l’exportation en Orient.
De simples raies d’un rouge vif, encadrant des lignes de fleurettes et de dessins geo-
metriques delicatement traces, de couleurs intenses, mais artistement eombinees pour
un effet simple, harmonieux, s’etendent alternativement, regulierement, sur un fond de
couleur claire. Le tissu de soie melangee de coton est epais, fort et durable.
Un salta de cachemire de couleur de fleur de pecher couvre le haut du corps,
et mele sa note tendre ä l’eclat argentin d’un collier de minces piecettes. La tete
est couverte d’un fez rouge de forme basse et arrondie, d’oü pend un pushul de
soie bleue; un mouchoir yemmi entoure d’un mince et etroit turban blanc rehausse
de quelques feuillages verts cette legere coiffure, d’oü les cheveux s’echappent en
cascade sur le dos.
Figure 3: femme d’aetisan musulman d’angoea.
Aucune teinte d’europeanisme ne gate l’harmonie du costume de la musulmane
d’Angora. Formes et couleurs, tout y est ä i’unisson. La note nationale resonne
seule dans ce concert naif; mais pur, oü le moindre detail se relie a l’ensemble dans
un accord parfait, oü l’oeil est caresse par des lignes souples, ondoyantes, originales,
unies a des tons simples et vigoureux.
La coiffure est un fez presque droit, de hauteur moyenne, tres legerement retreci
par le haut; son etoffe est un feutre epais et dur. Une plaque d’argent minu-
tieusement et curieusement -ouvragee, nommee bachlik, couvre la plate-forme tout
entiere de ce fez; le pushul de soie bleue est fixe sur le bachl'k au moyen d’un gland
en passementerie d’or, muni de petits anneaux. Un yhneni de mousseline blanche
oü sont peintes a la main quelques fleurs est roule sur le bas du fez et couvre a peu
pres la moitie du front. Sur le yemmi, qui leur sert de fond, sont fixees, a l’aide
d’epingles et de chaxnettes, des pendeloques de picces d’or en forme de medaille
dexxx fois grandes conxme une piece de cent francs, qui pendent entre les sourcils et
en coixvrent presque la moitie. De tres jolies bouclxcs d’oreilles, composees de boules
creuses, en filigrane d’argexxt, se detachent et tranchent sur le noir des cheveux.
ramenes par devant. Un collier de piastres et des braeelets d’orfevrerie comple-
tent, avec quelques bagues de cornaline, qui portent bonheur, la parure de la femme
de l’artisan musulman d’Angora.
Son costume proprement dit conshte en une chemise transparente, de soie
dite heurunrJjuk, que Ventari de coton raye taille en coeur autour des seins, et le
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