EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
de ses sujets pour leur saint apotre, et Ton peut concilier la tradition avec
la verite historique en avangant que ce fut lui qui-, du vivant de son pere,
restaura Teglise Saint-Saturnin. Un fait incontestable, c’est quelle etait
completement relev^e de ses ruines et deja protegee par une enceinte
en 8 h 3, puisque l’empereur Charles le Chauve y prit son quartier lorsqu’il
vint assiäger Toulouse. On a de ce prince plusieurs chartes dat^es de cette
residence. II y lint notamment, en faveur des ecclesiastiques de la Septi—
nianie, une diete dont Tun des capitulaires nous a ete conserve dans les
archives de Tabbaye. II y revint Tannee suivante ainsiqu’en 846, et, si Ton
en croit les annales de Fulde et de Metz etla chronique d’Aribert, cc serait
dans ses murs qu’il aurait poignarde le duc de Septimanie, Bernhard.
Comment T6glise carlovingienne disparut-elle ä son tour, pour faire
place au monument que nous admirons encore aujourd’hui? On ne pos-
sede que des donn^es fort obscures sur les causes qui ont araene cette
seconde reconstruclion. Guillaume, comte de Poiliers et usurpatcur du
comte de Toulouse, dit, dans une charte souscrite en 1098, que des
liommes impies se sont elevfo de son temps pour detruire cette eglise. Un auteur
moderne pense qu’il s’agit ici des Manicheens; mais la charte est de la fin
du xT siede, et deja en 1021 ces heretiques, poursuivis de toutes parts,
n’etaient plus ä craindre. 11 est plus probable que le comte de Poitiers,
dans un but tont personnel, a voulu faire allusion, en les exagerant a
dessein, aux degäts occasionnes par le sejour des soldats de son compe-
titeür campes dans les murs du monastere. Ces degäts furent-ils si consi-
dtirables qu’ils aient necessite une reconstruction? Nous croyons bien plutot
que la vieille basilique ne repondait plus aux besoins du temps et aux
progres qu’avait faits Tarchitecture. Ontouchait alors ä la fin du xi c siede,
et cette fievre de construction, qui signala le reveil des arts et dota cette
grande epoque de tant d’admirables monuments, n’attendait pas toujours,
pour les transformer, que les anciens dlifices tombassent en ruines. Tou
louse aura voulu que son eglise patronale egalät en splendeur les cons-
li'uctions grandioses que Tecole de Cluny elevait alors de toutes parts, et
la basilique de Louis le Debonnaire aura sans doute etö sacrifiee. Peu itn-
porte, au reste, les raisons qui ont motivä cette nouvelle transformation.
La seconde reconstruction de Saint-Saturnin est attestde cette fois par
Thistoire de la maniere la plus ^clatante, et, mieux encore que Thistoire,
le style de Tedilice en prdcise la dale. Commence dans les dernieres annees
du xf siede 1 , il appartient presque tout entier au xn c . Raymond Gayrard,
un des rhanoines du monastere, en traca, dil-on, les plans et dirigea les
Sous l’episcopat de Pierre Roger.