BEAUX-ARTS.
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bleaux. Ce sont des Femmes fellahs, des Almies, des Bohemiennes, des teles
de fantaisie toutes tres en faveur aupres du public.
Le tableau de M. Bouguereau, le Vceu de Sainte-Anne, qui nous montre
deux jeunes filles bretonnes agenouillees, est un des plus seduisants de ce
fecond artiste. II a expose en outre la Fileuse, Y Orange, lableaux faciles et
corrects, et le beau portrait en pied de M' ne B., qu’on a vu en 1 867.
Nous devons dire que, malgre le droit que leur en donnait le regie
ment, nos artistes se sont gemSralcment abstenus d’envoyer ä Vienne des
ouvrages ayant fait partie de l’Exposition du Champ de Mars. Ceci n’est
pas uu reproche ä l’adresse de M. Bouguereau, dont le portrait est des
meilleurs et a etd revu avec plaisir; il faudrait d’ailleurs supposer aux
peintres une prodigieuse fecondite pour pouvoir suffire a toutes les expo-
sitions auxquelles on les convie.
Le portrait, puisque nous avons ete amene a en citer deja quelques-
nns, a dans l’art de la peinture une importance que Ton a souvent fait
ressortir avec raison; chez le grand portraitiste il y a toujours le grand
peintre. Notre section franjaise renfermait en ce genre plus d’une ceuvre
remarquable.
Les trois grands portraits en pied de M. Carolus Duran se presentent
d’abord : la Dime au ganl, le Portrait de M me F. et celui de M mc Rattazzi.
Ce dernier, le plus recenl de l’artiste, avail ete vu pendant quelques
jours, i’hiver dernier, a l’exposition de la place Vendome. II y a une
hardiesse et une volonte rares dans cettc fa^on de ca mp er son modele,
de 1 ui hausser la tadle par l’ajustement du costume. La tete, d’une
ressemblance parfaite et d’un modele extraordinaire, se detache sans bru-
talite sur le fond rouge qui couvre la toile du haut en bas. Nous ne par-
lerons pas des deux autres portraits, que tout le monde connatt et qui ont
en quelque Sorte cree la reputation de M. Carolus Duran.
Mettons aussi au premier rang M. Gaillard, qui, avec six portraits
d’une dimension moindre que les precedents, nous montre une grande
variete de maniere. Le Portrait de femme ex[>ose sous le n° 271, celui de
YAbbi Rogerson, sont des cbefs-d’oeuvre en un genre absolument different.
Une precision du dessin poussee au dernier degre est reunie dans celui
de l’abbe au maniement le plus habile de la päte. Celui de la femme fait
penser ä Van Eyck, ce maitre que M. Gaillard a si bien grave.
M lb Jacqucmart a, de son cöte, une exposition magnifique. Nous relrou-
vons dans la meine salle ses meilleures toiles: M. Duruy, le Markhai Cau-
robcrl, le President Benoit-Champy, la Baronne de Montesquieu, le Comte de
La Rochefoucauld, etc. Les quelques annees qui ont passe sur ces tableaux
nous out semble leur avoir rlonne une unite et une harmonie superbes.