BEAUX-ARTS.
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d’une verite etonnante, tout s’y trouve reuni. Enperdant a demi ie visage
de la mere malade, le peintre a enleve au tableau le cote doulourcux et
en a augmente l’effet par lout ce qu’il laisse deviner au spectateur. L’in-
quietude que le mari dberche a voiler par une sorte de faux sourire, et
l’abandon de l’enfanl endormi qui reste etranger au drame, sont rendus
avec un senliment exceptionnel.
Apres ce tableau, uous pouvons encore signaler, dans la peinture de
genre, celui de M. Buchser, Marij Blanc; le Peinlre dans son atelier, de
M. Grob; la Sbupe au lait, de M. Anker, un eleve de M. Glcyrc dont le talent
nous est depuis longtemps connu; la Mort du chasseur et une Arlmenne en
jiricre, par M. H.-A. Berthöud, et deux jolies compositions de M. Mayer
Diethelm, artiste qui habite Munich: les Touristes et le Bonheur d’une
mere.
Les paysagistes sont assez nombreux en Suisse. M. Diday a fonde, il y
a quarante ans, une ecole dont feu Galame, on peut dire, est reste l’etoile.
Cet artiste a et^ extreincment decrie cliez nous; sa peinture, en desaccord
avec le gout qui a prevalu, est encore trait^e d’enlumiuure par les fer-
vents disciples de la moniere lächee qui voudrait s’imposer aujourd’hui;
s’il est vrai qu’elle manquait de corps et se maintenait trop souvent dans
des tons de Convention, eile rachetait ces defauts par des qualites veri-
Iables; Galame savait composer et präsenter une scene ou un motif; le
tableau s’y trouvait toujours; d’ailleurs, cet homme de talent a laisse des
(lessins et une ceuvre lithographique qui suffiraient [)our fonder sa reputa-
lion et preserver son nom de l’oubli.
M. Diday, quoique presque oclogenaire, expose toujours. Quant au ta
lent de M. Galame fils, il est loin d’approcher de celui de son pere. Parmi
les continuateurs du genre, quelques-uns, comme M. Meuron, ont intro-
duit dans leurs ouvragcs une vigueur qui manquait ä leurs maltres; le
Souvenir de Mürrcn est une toile excellente. M. Humbert a expose aussi une
Vue de montagnes tres-bien peinle et tres-vraie, ainsi que M. Lugardon,
de Geneve.
D’aulre part, le paysage est traite par quelques artistes avec des va-
riantes sensibles dans la maniere. C’est ainsi que M. Bocion a la specialite
de tons clairs et diaphanes qui donnent un grand eclal a ses tableaux; sa
Peche sur le lac de Geneve nous rnontre ces qualites que de precedentes ex-
positions avaient deja mises en relief.M.Schoeck,qui avoyagepres du pole,
a expose deux Souvenirs qui doivent etre tres-exacls, une 'Jourmente en
Nonvegc et une Plage ä mmuü. M. Veillon a su, de son c6le, etre neuf avec
un motif plus que rebattu, un Effet du soir u Venise; rappelons aussi
M. Gastan, dont les paysages tournent malheureusement a la rnonotonic.