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ENSEIGNEMENT SliPßRIEUR.
uii enseignement serieu x et complet; ce sont toujours des lejons isoliies
qu’aucun hen ne rattache les unes aux autres; eiles sont debitees devant
un auditoire qui se renouvelle, et qui se laisse attireret retenir bien plus
par l’eloquence et l’esprit du professeur que par son erudition.
II est ditficile qu’il en soit aulrement, carnos facultes donnent malheu
reusement trop souvent les premieres l’exemple de ce mode de proceder,
surtout dans l’enseignement des lettres. A la Sorbonne, quel que soit le
talent du professeur, bon nombre de cours demeurent sans auditeurs re-
guliers, et le meme phenornene se reproduit en province. Le professeur est
malheureusement prive de tonte communication avec des auditeurs dont
il ne peut surveiller les travaux, et qui lui demeurent etrangers, et son
public est en majeure partie compose d’oisifs, de gens du monde et quel-
quefois de dames. Ne pouvant des lors compter sur des disciples, sur des
etudiants dans la ventable acception du mot, le professeur donne aux
assistants qu il a devant lui la nourriture mtellectuelle qui leur convient,
et le cours de faculte n’est plus autre chose qu’une simple Conference.
Les Etrangers s’etonnent, a juste titre, du role mediocre que nous re-
servons a nos facultas des lettres et des Sciences. Le professeur Härtel,
que nous citions toul ä l’heure,y voit avec raison une des consequences
de notre Systeme gdneral d’instruction. «Il n’y a, dit-il, aucune place en
France pour cette liberte des universites allemandes qui delie et developpe
les forces de chacun. L’examen de memoire, qui est le but des premieres
etudes, ne cesse pas detre exclusivement celui de l’instruction superieure.
C est un continuel Systeme de dressage, plein d’epreuves et de barrieres.
On ne cherche ä donner dans les ecoles superieures francaises qu’une
quantite determinee de connaissances; dans d’autres pays, au contraire,
on considere les qualites de l’esprit developpees par le travail, et on de-
mande ä un jeune homme ce qu’il peut, beaucoup plutot que ce qu’il sah.
Ces defauts sont surtout deplorables dans les facultes des lettres et des
Sciences. Ces creations, que nous n’arrivons pas ä bien comprendre, et que
bläment des Francais eclaires, comme Michel ßreal par exemple, repon-
dent completement aux idees nationales; le Fran^ais aime cette vulgarisa-
tion oratoire de la Science, ä laquelle nous attachons peu de prix. n
Ce gotit pour la vulgarisation oratoire de la Science explique le succes
des Conferences. Leur developpement est assez considerable depuis quel
ques anmies, et ccrtaines grandes villes de province ont aujourd’hui leurs
cours scientifiques et litteraires, que viennent faire, ä tour de role, des pro-
fesseurs del^gues par la faculte la plus voisine. Sans vouloirnier l’agremcnt
et meme l’utilite des Conferences, nous ne pouvons nous resoudre ä les
considerer comme un des principaux moyens de propagande, comme un